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Témoignage

La violence urbaine s’est immiscée dans notre famille

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Comment un adolescent d’un quartier tranquille peut-il basculer dans la violence? Ce billet réunit le témoignage d’un père et les explications du capitaine Martin Soucy pour révéler l’envers du décor, mais aussi pour montrer les actions concrètes du SPVQ afin de soutenir les familles et prévenir que d’autres histoires comme celle de Jean ne se répètent.

Je m’appelle Jean (nom fictif). J’ai 45 ans, je vis avec ma conjointe et nos deux enfants : une fille de 12 ans et un garçon de 16 ans. On habite un quartier tranquille de Québec, et jusqu’à récemment, on menait une vie bien ordinaire; on travaille, les enfants réussissent bien à l’école, on fait du sport et on passe du temps en famille. Rien de spectaculaire, mais on était bien.

Puis, l’année dernière, tout a commencé à changer.

Pendant l'année scolaire, j’ai remarqué que quelque chose clochait avec mon fils. Ses notes ont chuté, il n’avait plus la même motivation, ni à l’école ni dans le sport. Il traînait surtout avec ses amis, toujours le nez collé à son cellulaire. Chaque fois que je tentais de lui en parler, il me lançait un petit « C’est chill, papa » pour couper court à la discussion.

Durant l’été, les choses ont pris une tournure inquiétante. Il sortait la nuit, malgré les interdictions. Une fois, je l’ai surpris à rentrer à la maison à 4 h du matin, vraiment pas à jeun. C’est là que j’ai compris que mon fils consommait. Ça m’a fait l’effet d’un coup de poing.

Avec le temps, j’ai commencé à remarquer d’autres signes. Des espadrilles de marque, des vêtements coûteux, alors qu’il n’avait pas de job. Quand je lui demandais d’où ça venait, il me disait que c’était un de ses chums qui lui avait donné. J’avais beau vouloir le croire, quelque chose en moi savait que ça ne collait pas.

Un matin, en entrant une adresse dans le GPS de ma voiture, j’ai remarqué qu’elle avait été utilisée la veille pour se rendre à plusieurs endroits inconnus. Mon fils n’a même pas de permis, alors j’ai tout de suite compris. Je l’ai confronté, et il a fini par admettre qu’il avait pris l’auto sans permission. J’étais hors de moi. J’ai décidé d’aller voir dans son cellulaire pour comprendre ce qui se passait. J’y ai découvert l’impensable : je suis tombé sur des conversations qui parlaient de violence et de crimes organisés. Mon fils faisait partie d’un groupe sur une application où des « missions » étaient proposées. De vraies missions, comme aller battre quelqu’un ou mettre le feu. Certaines offraient plus de 1 000 $ pour exécuter la sale job. J’ai même vu des photos de lui avec une cagoule et un bâton de baseball dans les mains.

J’étais en état de choc. Comment mon fils avait-il pu se retrouver là? Qu’est-ce que j’aurais pu faire différemment? Je me sentais complètement désemparé… et coupable, surtout.

J’ai finalement pris la décision la plus difficile de ma vie : appeler la police. C’est impensable, pour un père, de dénoncer son propre fils, mais je savais que je n’avais plus le choix. Ces gens-là sont dangereux, et il fallait qu’on obtienne de l’aide avant qu’il ne soit trop tard. J’ai remis aux policiers son téléphone et la cagoule qu’il cachait dans sa chambre.

Aujourd’hui, si je partage mon histoire, c’est parce que j’aimerais éviter à d’autres parents de vivre la même chose. Je pensais que de vivre dans un quartier tranquille et de transmettre de bonnes valeurs à mes enfants les mettaient à l’abri de mauvais choix. Les changements de comportement, aussi subtils soient-ils, peuvent parfois cacher une influence néfaste.

Mon conseil? Restez connectés à vos enfants. Parlez-leur, même quand ils ne veulent pas parler. Observez leurs comportements, les changements d’attitude, les objets qui apparaissent soudainement. Faites-leur sentir qu’ils peuvent venir vers vous, peu importe ce qui se passe.


Martin Soucy, capitaine au SPVQ

Au Service de police de la Ville de Québec, chaque signalement est traité avec sérieux, qu’il passe par le 911 ou par le 418 641-AGIR.

« Lorsqu’un signalement est reçu au 911, des patrouilleurs rédigent un rapport d’événement. Celui-ci est ensuite analysé et dirigé vers l’unité d’enquête ou l’unité jeunesse », précise Martin Soucy, capitaine au SPVQ. L’enquêteur responsable communique ensuite avec les parents pour les informer et leur offrir les ressources appropriées. »

En cas d’urgence ou de danger, la police peut intervenir rapidement pour protéger les personnes et préserver les preuves, avant de contacter les parents pour assurer le suivi.

« Pour un signalement effectué de façon anonyme au 418 641-AGIR, le message est analysé par l’équipe des renseignements, puis transmis à l’unité concernée, qui détermine si une enquête ou une intervention immédiate est nécessaire » ajoute-t-il.

Comment la police peut aider?

« Notre rôle est d’abord d’assurer la sécurité des personnes concernées », souligne le capitaine Soucy. On peut intervenir pour protéger un jeune, conseiller les parents, orienter le dossier vers des spécialistes ou recommander des ressources sociales » précise-t-il.

En cas de besoin, quel soutien est offert à la famille?

« Les policiers peuvent rencontrer le jeune, le sensibiliser aux risques et l’accompagner dans ses démarches, indique M. Soucy. Nous demeurons aussi un point de repère pour les familles, en les dirigeant vers les bons services pour aider leur enfant à s’éloigner de la violence. » 

Le SPVQ adapte ses approches et surtout, il refuse que la violence ne devienne une norme. Découvrez la nouvelle campagne de prévention contre la violence urbaine chez les jeunes en visitant le troueparballe.ca


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