Femmes en politique municipale : parcours de combattantes

La première conseillère municipale, élue en 1963 à Neufchâtel, s’appelait Jean-Baptiste Dubeau! Voilà un bien drôle de prénom pour une dame, direz-vous. C’est qu’à cette époque, les femmes mariées portaient systématiquement les nom et prénom de leur époux. Et même si elle était conseillère municipale, Mme Dubeau n’échappait pas à cette règle. Son véritable prénom était Antoinette.
Mme Dubeau est nommée au conseil municipal à la suite de la démission d’un conseiller. Vous avez bien lu! À l’époque, la loi permettait de choisir une personne pour remplacer un conseiller qui démissionnait en cours de mandat. Bonjour la démocratie!
Mme Dubeau est officiellement élue en 1965, puis réélue en 1968. Elle demeure en fonction jusqu’à la fusion de Neufchâtel avec Québec en 1971.
Le rythme s’accélère
Volontairement ou non, Mme Jean-Baptiste Dubeau aura permis à plusieurs villes d’accueillir une femme pour la première fois à leur conseil municipal.
La deuxième femme élue à ce titre est Albanie Morin, à Sillery, en 1970. Viennent ensuite :
- Francine Corbin (Charlesbourg, 1980)
- Suzanne Fortin Duplessis (Sainte-Foy, 1981)
- Madelaine Carbonneau Rioux (Cap-Rouge, 1983)
- Gérardine Labonté (Beauport, 1984)
À Québec, si des femmes ont été candidates dès 1969, c’est en 1985 que sont élues les premières conseillères, soit Winnie Frohn, Marielle Guay-Migneault et Suzane Bélanger. Mmes Guay-Migneault et Bélanger sont du Parti civique alors que Mme Frohn est élue sous la bannière du Rassemblement populaire.
Lorsque ce dernier parti prend le pouvoir en 1989, Winnie Frohn et Françoise Viger deviennent alors les deux premières femmes à siéger au comité exécutif. Au même moment, Marie Leclerc est également la première femme à décrocher le titre de présidente du conseil municipal.


Les premières élues à la mairie
Saviez-vous que la première ville de la région à accueillir une femme à la mairie est Sillery? Margaret F. Delisle est élue au printemps 1985 pour remplacer le maire Charles-H. Blais, décédé en cours de mandat. Mme Delisle siégeait au conseil municipal depuis 1982.
Sous son règne, la Villa Bagatelle sera réhabilitée et Sillery fêtera son 350e.
Quelques mois après l’entrée en fonction de Mme Delisle, la conseillère municipale Andrée P. Boucher devient mairesse de Sainte-Foy. Elle demeurera en poste jusqu’aux fusions municipales de 2002.
On lui doit notamment le Parc de la plage Jacques-Cartier, la gestion rigoureuse des finances de sa ville et la construction bien controversée du nouvel hôtel de ville de Sainte-Foy, édifice qui est aujourd’hui le bureau d’arrondissement de Sainte-Foy–Sillery–Cap-Rouge et qui porte son nom.
Il faudra attendre une dizaine d’années avant de voir à nouveau une femme accéder à la mairie d’une ville dans la région. C’est madame Michèle Bouchard Rousseau qui accédera à cette fonction pour la ville de Cap-Rouge en 1995. Elle y demeure jusqu’aux fusions municipales.

La première femme à la mairie de Québec
En 2005, Andrée P. Boucher devient la première femme à accéder à la mairie de Québec. Elle décède en cours de mandat en 2007. C’est notamment sous son règne que le démantèlement du toit du Mail Saint-Roch est achevé et que la fontaine de Tourny est inaugurée.


En constante augmentation
Le nombre de femmes en politique municipale a augmenté au fil des années. Lors de la fusion en 2002, le conseil municipal de la nouvelle Ville de Québec compte sept femmes sur 37 élus.
Au conseil municipal actuel, on compte huit femmes sur un total de 22 élus, soit un peu plus du tiers. Le comité exécutif est quant à lui paritaire (cinq femmes sur 10 membres), avec entre autres Marie-Josée Savard (vice-présidente), et Michelle Morin-Doyle (mairesse suppléante).
Le moins que l’on puisse dire, c’est que, depuis 1963, les femmes ont parcouru beaucoup de chemin en politique municipale à Québec.
Saviez-vous que?
À l’époque, Margaret F. Delisle est appelée « Madame le maire » alors qu’Andrée P. Boucher est « Madame la mairesse ». Quelques décennies plus tard, il n’y a toujours pas de consensus sur le titre de la première magistrate d’une ville au sein de la francophonie. Si l’emploi du terme mairesse est généralisé au Québec, en France, les femmes sont encore aujourd’hui appelées maire. Ainsi, Anne Hidalgo est nommée la maire de Paris, le terme mairesse étant réservé à l’épouse du maire.
Sources
- Archives de la Ville de Québec, fonds et collection.
- Lemoine, Réjean, avec la collaboration de Louise Côté. Les maires de Québec depuis 1833. Ville de Québec, 2013.