Journée nationale des peuples autochtones
Faire briller les étoiles
Entrevue avec la chanteuse wendat Keyara Gros-Louis
Sa voix ensorcèle tous ceux qui l’entendent. Ses mots sensibles et évocateurs nous décochent une flèche en plein cœur. En cette Journée internationale des peuples autochtones, entrevue avec une étoile montante, la jeune huronne-wendat, Keyara Gros-Louis.
En avril 2020, la cousine de Keyara, Aweha, meurt dans son sommeil. Elle a 11 ans. La famille et les proches sont bouleversés.
La veille de la cérémonie religieuse, Keyara s’enferme dans sa chambre et compose Little Star (Petite étoile), dont les paroles sont inspirées de légendes autochtones voulant que, même tombées du ciel, les étoiles continuent de briller. Elle la chante pour la première fois aux funérailles de sa cousine.
« Cette chanson est vraiment un cri de désespoir. Je l’ai écrite dans le deuil, avec une grande tristesse. La mort d’Aweha a été un drame dans notre famille. Ma cousine était vraiment très souriante et me rappelait les étoiles. Je chante que je donnerais tout pour entendre encore sa voix », raconte Keyara.
Cette chanson est vraiment un cri de désespoir. Je l’ai écrite dans le deuil, avec une grande tristesse.
Quelques mois plus tard, Little Star trouve un nouvel écho, alors qu’est révélée au grand jour la découverte de restes humains de 215 enfants autochtones à Kamloops, en Colombie-Britannique. Ces petits êtres qui devaient, contre leur gré, cacher leur langue et leur culture.
À l’événement KWE! À la rencontre des peuples autochtones à la mi-juin, Keyara dédie sa composition « aux enfants qui nous ont quittés trop tôt ».
« On savait ce qui s’était passé. Mes grands-parents m’en avaient parlé, explique la jeune femme de 18 ans. Mais cette nouvelle a montré que c’était bien réel. Les pensionnats ont laissé des cicatrices de génération en génération. Moi, j’ai eu la chance d’être très bien entourée. Je sais que certains autochtones n’ont pas cette chance-là et c’est triste. »
Fière de sa culture
La musique occupe une grande place dans la vie de la cégépienne qui chante, en plus de jouer du piano et de la guitare. La musique lui permet de s’exprimer, de se libérer de toutes ses émotions. Mais elle a bien d’autres passions! Elle adore la nature, les animaux et rêve de devenir médecin.
Et, plus que tout, elle est fière de sa culture autochtone et revendique son unicité : « Quand on parle de racisme, les gens aujourd’hui ont tendance à dire qu’on est tous pareils. Mais on ne l’est pas. Moi, je suis Huronne-Wendat. Je suis différente, je l’accepte et j’en suis fière. Notre culture est très présente dans ma famille. Nous chassons traditionnellement chaque année, nous suivons les rites…Je suis fière de qui je suis, de nos différences culturelles. C’est ce qui fait qu’on est encore plus fort. »
Moi, je suis Huronne-Wendat. Je suis différente, je l’accepte et j’en suis fière.
Sa sœur et elle ont chanté à travers le monde dans la Troupe Sandokwa « pour crier haut et fort que nous existons encore et que nous sommes fiers de qui nous sommes », lance-t-elle.
Aweha et les enfants morts dans les pensionnats autochtones n’ont malheureusement plus la possibilité de faire entendre leur voix. Par la sienne, Keyara compte bien faire en sorte que leur âme continue de vivre pour l’éternité et que leur étoile brille à jamais au firmament.
Découvrez la chanson Little Star, enregistrée dans les studios de L’Ampli de Québec.
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