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Mois de l'archéologie

Rencontre avec un archéologue

Temps de lecture : minutes

Alors que le Mois de l’archéologie se termine le 31 août, on rencontre Stéphane Noël, archéologue à la Ville de Québec, qui se plaît à fouiller dans notre passé pour raconter notre histoire collective.

Q. Qu’est-ce qui vous a incité à devenir archéologue?

Mon choix de carrière s’est dessiné naturellement. Depuis mon jeune âge, j’ai toujours eu un intérêt marqué pour l’histoire, la géographie et la science. Au primaire, je me rappelle avoir lu et relu avec fascination un livre qui traitait de la découverte du tombeau de Toutânkhamon par l’archéologue Howard Carter. Au secondaire, j’ai eu un professeur d’histoire inspirant avec qui j’ai visité plusieurs sites historiques, notamment à Québec.

De fil en aiguille, j’ai découvert qu’il y avait une discipline qui alliait tous mes intérêts, et qui me permettrait de passer du temps à l’extérieur : l’archéologie !

Q. Depuis quand êtes-vous archéologue à la Ville de Québec?

Depuis avril 2019. Auparavant, j’œuvrais comme archéologue chargé de projet au sein d’une coopérative de travail et j’étais également doctorant et chargé de cours à l’Université Laval.

Q. Quels sont les défis d’un archéologue à la Ville?

Je crois qu’un des principaux défis est de bien comprendre les enjeux des divers intervenants impliqués dans un projet. Mon objectif est de voir comment l’archéologie peut s’insérer le mieux possible dans un projet, sans pour autant ralentir les travaux.

Je tente ainsi de démontrer que l’archéologie est une opportunité plutôt qu’une contrainte : est-ce qu’on peut s’inspirer des découvertes archéologiques dans le nouvel aménagement d’un parc ? Peut-on donner une signature particulière à un projet de construction en y intégrant des éléments archéologiques ? L’idée est de voir comment mettre un peu d’archéologie dans le quotidien des citoyens et des visiteurs de Québec.

Un autre défi est de trouver un juste équilibre entre le développement urbain d’une ville moderne comme Québec et la préservation du patrimoine archéologique. Cette histoire mérite d’être connue et racontée, pour qu’on puisse mieux se connaître un l’autre et apprendre à vivre ensemble.

Le patrimoine archéologique témoigne de l’histoire collective des citoyens de la ville, peu importe leurs origines.
Q. À quoi ressemble votre quotidien en tant qu’archéologue?

Mon quotidien est assez varié. J’analyse l’impact que certains projets de construction ou d’aménagement peuvent avoir sur le patrimoine archéologique. Je mets à jour notre base de données géomatique qui fait la synthèse de l’évolution de la Ville et des connaissances en archéologie. J’offre mon expertise aux collègues de différents services municipaux et je gère pour eux le volet archéologique de leurs projets, en octroyant des contrats à des firmes spécialisées et en m’assurant que les recherches sont réalisées dans les règles de l’art.

Je participe également à des projets de mise en valeur et diffusion du patrimoine, notamment avec mes collègues du Service de la culture, du patrimoine et des relations internationales. Parfois, je réponds aussi à des questions posées par des citoyens, qui nous sont acheminées par le 311.

Q. Sur quels projets travaillez-vous actuellement?

Je travaille surtout sur des projets pour le Service de l’ingénierie. Je coordonne notamment le volet archéologique de la réfection complète de la rue Dorchester dans le quartier Saint-Roch. J’assure également le suivi en archéologie pour le projet de stabilisation des berges de la plage Jacques-Cartier, la réfection du mur de soutènement de la Côte de la Montagne dans le Vieux-Québec et plusieurs autres projets sur tout le territoire de la Ville.

En juin, j’ai poursuivi mes travaux de prospection sur un site sur le bord de la rivière Saint-Charles, à l’endroit où se déroule désormais le chantier-école en archéologie de l’Université Laval.

Saviez-vous que?

La Ville de Québec compte :

  • 3 archéologues à temps plein
  • Plus de 900 sites archéologiques sur son territoire
  • Plus de 12 600 objets catalogués
  • Près de 4 000 artefacts restaurés et muséables
  • 15 nouvelles collections par année dans sa réserve archéologique
Q. Qu’aimez-vous le plus dans votre métier?

Pouvoir contribuer à raconter l’histoire des gens ordinaires, à travers les traces qu’ils ont laissées : la famille ouvrière dans le quartier Saint-Roch, le marchand dans le Vieux-Port, l’agriculteur sur le bord de la rivière Saint-Charles, l’autochtone qui a taillé de la pierre sur les hauteurs de Sillery il y a des milliers d’années.

Même si les noms de ces personnes ne se retrouvent pas nécessairement dans les livres d’histoire, je considère qu’ils ont tous quelque chose à nous apprendre sur nous-mêmes, d’où nous venons et où nous allons.

Une autre chose que j’aime particulièrement en archéologie est son interdisciplinarité. Dans nos recherches sur le terrain et lors de l’analyse du matériel archéologique recueilli, nous faisons appel à de nombreuses disciplines : histoire, géographie, pédologie, géomorphologie, biologie, chimie, etc. C’est de cette façon que nous pouvons extraire le maximum d’informations d’un site, d’un artéfact ou d’un écofact (ex. ossements, restes végétaux, etc.).

Q. Quelles sont les qualités requises pour être un bon archéologue, selon vous?

Être curieux, savoir travailler en équipe, faire preuve d’ingéniosité et de créativité dans la résolution de problèmes, avoir un esprit critique et de synthèse aiguisé, avoir un excellent jugement, être débrouillard, patient et méticuleux.

Q. Quel est votre site préféré dans la ville de Québec?

J’aime particulièrement la crypte archéologique sous la terrasse Dufferin, mettant en valeur les vestiges des Forts-et-Châteaux-Saint-Louis. Ce site a pour moi une signification particulière, car j’y ai travaillé comme fouilleur lorsque j’étais encore au baccalauréat, en 2005 et 2006.

Le site de l’îlot des Palais, un autre site que j’ai participé à documenter, est également un incontournable à Québec.

Finalement, j’aime beaucoup le site de la mission des Jésuites de Sillery, qui met entre autres en valeur le passé autochtone de la Ville.

Fouilles du premier palais de l’intendant au site de l'Îlot des Palais
Q. Quelle est la découverte la plus fascinante que vous avez faite au cours de votre carrière?

Au cours des 16 dernières années, j’ai fouillé des sites un peu partout au Québec, dans les provinces de l’Atlantique et dans les Caraïbes.

Lorsque je travaillais au Lieu historique national de Skmaqn-Port-la-Joye-Fort Amherst (Île-du-Prince-Édouard), l’archéologue responsable du site m’avait expliqué qu’il cherchait depuis les années 80 le premier fort français construit dans les années 1720, sans succès. Le défi était lancé ! Avec une collègue, nous avons examiné le paysage du site et les plans des fouilles précédentes. Après trois petits sondages, nous sommes tombés sur un dallage en pierre appartenant à un bâtiment du fort français ! Quelle excitation !

Chaque site est unique et fascinant pour différentes raisons ; parfois en raison de vestiges particuliers ou bien d’artéfacts hors du commun.
Q. Quels sites rêvez-vous de visiter dans le monde?

La liste est longue ! J’aimerais un jour avoir la chance de visiter le site de Pétra en Jordanie, ainsi que le site de Çatal Höyük en Turquie. Ce dernier est un grand établissement du Néolithique et du Chalcolithique occupé entre environ 9000 et 7700 ans avant aujourd’hui. En plus de son importance pour la compréhension des débuts de l’urbanisation au Moyen-Orient, les recherches réalisées depuis 1993 par une équipe internationale ont permis de nombreuses avancées méthodologiques et théoriques en archéologie.

Stéphane Noël a piqué votre curiosité et vous souhaitez en savoir plus? Consultez le site L’archéologie à Québec. Le 17e Mois de l’Archéologie a lieu jusqu’au 31 août.

Photo de Stéphane Noël, archéologue, devant un chantier du quartier Saint-Roch

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